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1927/1931
                                                      mobiles Emile Pilain ?
               L Lo ou ui is s   R Re en na au ul lt t   a ac ct ti io on nn na ai ir re e   d de es s   A Au ut to omobiles Emile Pilain ?

               En  1927,  petite  révolution  de  palais  chez  Rolland-Pilain,  Lucien  Rolland  et  Emile  Pilain
               sont  plus  ou  moins  mis  sur  la  touche  par  le  triumvirat  qui  va  désormais  présider  aux
               destinées de la société : Jean Ribes, Jean Clément Kelsch et Gustave Duverne.
               Tous deux encore dans la force de l'âge, ils ont le souci de ménager leurs arrières et de
               préparer l'avenir.

               Ils s'associent donc avec André Pezon, un cousin de Lucien, et créent le 17 juin 1927 une
               petite société à responsabilité limitée dénommée Emile Pilain Automobiles, au capital plus
               que modeste de 100 000 F. Son objet est ainsi déclaré : "réparations et construction de
               voitures,  moteurs,  accessoires,  pièces  détachées",  etc.  et  son  adresse  est  28  bis  rue
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               Vergniaud à Levallois-Perret. Mais ils ne disposent là que d'un local minuscule de 200 m
               et ils vont rapidement ouvrir un nouvel atelier aux 1 et 1 bis de la même rue.

               L'objectif réel est de concevoir puis de fabriquer une petite 5 CV de luxe, créneau auquel
               ne semblent pas s'intéresser les grands constructeurs contre lesquels ne peut plus lutter
               Rolland-Pilain.  Ils  mettent  donc  au  point  ce  qu'ils  vont  appeler  une  "petite  voiture  de
               grande classe", qui est présentée aux Mines le 3 juillet 1929 et fera ses premières armes
               au Salon d'octobre.
               Pour la construire, il leur est évidemment nécessaire de disposer d'un capital plus élevé
               que  les  (symboliques)  100  000  F  de  départ  et  ils  font  appel  à  quelques  relations
               envisageant  de  créer  une  nouvelle  société  pour  laquelle  ils  prévoient  initialement  un
               capital de 1 000 000 F.

               Très  vite,  ils  se  rendent  compte  que  même  un  million  est  totalement  insuffisant  pour
               lancer  une  fabrication  et,  aussitôt  après  le  Salon  de  1929,  ils  partent  à  la  chasse  aux
               actionnaires.
               Un  nouvel  administrateur,  un  certain  Bernard  Lesourd,  né  à  Tours  en  1895  et  qui  fait
               sans  doute  partie  de  la  famille  des  pétroliers  tourangeaux,  semble  prendre  en  mains
               cette campagne.  C'est en effet lui qui signe la lettre du 29 novembre 1929   que   nous
               reproduisons ci-contre.

               Cette  lettre  est  adressée  à  un  certain  M.  Rochefort,  qui  n'est  autre  que  le  secrétaire
               particulier  de  Louis  Renault,  et  envoyée  à  l'adresse  personnelle  de  celui-ci.  Il  apparaît
               donc  évident  que  le  véritable  destinataire  est  bien  le  maître  de  Billancourt  et  c'est
               d'ailleurs  dans  ses  archives  personnelles  qu'elle  a  été  retrouvée  !  On  ne  prête  qu'aux
               riches, dit un proverbe, mais on pourrait ajouter que c'est aussi à eux que l'on s'adresse
               quand on cherche à emprunter. Aussi ne faut-il pas s'étonner que parmi les personnalités
               sollicitées figure Louis Renault.
               A  cette  lettre  est  joint  un  petit  dossier  très  bien  fait,  développant  des  arguments
               supposés être de nature à convaincre les investisseurs éventuels. Nous nous limiterons
               aux deux exemples suivants.

               1 - "La voiture obtient tous les suffrages des personnes qui l'essayent", est-il dit dans la
               lettre.
               Pour  le  prouver  est  joint  un  dépliant  dont  nous  reproduisons  quelques  images,  qui
               comporte  des  extraits  très  flatteurs  d'un  essai  réalisé  par  le  grand  journaliste
               polytechnicien Charles  Faroux et publié dans  L'Auto le 22 septembre 1929, ainsi qu'un
               article paru dans Les Sports du 12 octobre suivant.
               Charles Faroux ne tarit pas d'éloges : "démarrage doux ; moteur silencieux ; excellente
               tenue de route ; suspension surprenante ; freins puissants, progressifs  et sûrs" ;  etc.,
               etc. Pour sa part, le journal Les Sports est tout aussi enthousiaste : " la 5 CV Emile Pilain
               est  l'une  des  révélations  du  Grand  Palais.  (…)  (….)  Sa  ligne,  le  grand  confort  qu'on  a
               installé  sur  son  châssis,  l'excellence  de  sa  mécanique,  le  nerf  et  la  souplesse  de  son
               moteur, vont en faire en un rien de temps l'auto que chacun voudra posséder.Demain la
               5  CV  Emile  Pilain  sera  l'un  des  charmes  de  Paris  et  l'une  des  beautés  des  routes  de
               France".




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