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2 – Dans un second document, développant des arguments financiers, on peut lire : "Les
bénéfices réalisés par la vente (de la 5 CV) et ceux réalisés sur la section annexe
d'achats et de vente de voitures de toutes marques doivent (…) assurer à votre capital
une rentabilité intéressante".
A l'appui de cette affirmation le raisonnement suivant est tenu. Le prix de revient du
châssis de la 5 CV sera d'environ 9 000 F ; si l'on y pose une carrosserie d'un prix de
6 500 F, par exemple, le prix de revient total s'élèvera à 15 500 F.
La voiture sera vendue au public 25 000 F et il faudra déduire de cette somme la
commission à l'agent, soit 6 %, et la taxe de luxe de 12 %, ce qui donnera un bénéfice
brut de 5 180 F par voiture, montant dont il faudra déduire les frais généraux, les
amortissements, etc.
Nous épargnerons au lecteur la suite des calculs et au bout du compte on pourra tabler
sur un bénéfice net de 2 000 F par voiture… En soi, une telle somme est loin d'être
ridicule, on pourrait même penser qu'elle est un peu optimiste, mais quand on sait que
les prévisions de fabrication sont de 30 voitures par mois il est évident qu'un bénéfice net
prévisionnel de l'ordre de 700 000 F par an aura lieu de faire sourire le grand industriel
de Billancourt.
Cependant, Louis Renault est un homme qui sait compter. En 1928, les bénéfices nets de
son entreprise se sont élevés à un peu plus de 20 millions pour une production totale
d'un peu moins de 56 000 véhicules, ce qui donne un chiffre de 357 F par véhicule :si les
prévisions d'Emile Pilain se réalisaient (ce dont il est permis de douter !), l'affaire serait
particulièrement "juteuse".
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